La vie difficile et courageuse d'une Péhune

Et c'eeeeest partiiiii ! 

A partir de ce soir, je me livre à vous, chers lecteurs peu nombreux, dont au moins 70% sont de futurs potentiels PACES (c'est statistiquement obligé, je l'ai appris en UE4 = Biostats!). Bon, OK, je ne commence pas à la rentrée universitaire, mais il se trouve que ce n'est que dans les gros moments de déprime qu'on réalise un certain nombre de chose. Et ce soir, justement, c'est la grosse déprime (rayer la mention inutile) :

• tu découvres que ton ex (qui était moins bon que toi au lycée) est devenu un génie en médecine
• tu découvres que tu es super en retard par rapport à ton programme du jour/de la semaine/de la matière (n'importe : tu ES en retard)
• tu as compté les jours de boulot que tu as déjà derrière toi
• tu as compté ceux qui restent devant toi en te faisant un doigt d'honneur avec un grand sourire et une pancarte "Tu vas échouer"
• un(e) cop(a)in(e) t'a posé une question qui avait l'air débile mais à laquelle tu ne sais pas répondre *forever alone*
• tu dois aller faire les courses/une lessive/faire un truc vital pas prévu (AAARGH, MON PROGRAMME EST FOUTU!)
• tu es malade comme un chien mais tu t'es quand même tapé ta journée de cours
• ta mère/ton père t'a appelé et t'a lâché naïvement un "Bah, tu sais, tu peux rentrer ce week-end, tu auras quand même le temps de travailler non ?"
• ta mère/ton père t'a appelé et t'a lancé méchamment "Mais quelle idée de se lancer là dedans quand on est aussi flemmard que toi !"
• ta mère/ton père t'a appelé et t'a demandé de façon plutôt condescendante :"Tu comptais pas rentrer ce week-end de toutes façons ? Tu dois bosser non ?" (quelle jolie façon de se faire envoyer se faire f**tre)
• tu es allé "vite fait" sur Facebook (non ,non, tu n'as pas d'excuse, c'est MAL) et tu as vu les photos de soirées de tes ex-amis (ben oui, tu ne vois plus personne) qui sont en STAPS/psycho/lettres... (je n'ai vraiment rien contre les STAPS/psycho/lettres, vous avez un instinct de survie : gardez-le !)
• tu as vu ton classement à ta dernière colle de biochimie & chimie/biocellulaire & embryo/biophysique/biomaths & biostats (t'es genre 100ème... en partant de la fin)
• tu es montée sur la balance (ce point est exclusivement féminin, oui, on a plus tendance à être complexées nous les filles !)
• tu te rends compte que tu es sur un blog en train de raconter ta vie et que pendant ce temps, tu ne bosses pas (quelle honte)
• tu te rends compte que tes nuits de 10h du temps du lycée ont raccourci de moitié
• ... Et ainsi de suite.

Comme vous l'aurez remarqué, il y a beaucoup de raisons de déprimer en médecine, et la liste que je vous ai donnée n'est pas exhaustive. Certaines viennent de l'entourage, beaucoup de soi (l'homme est maso, maintenant tout le monde le sait non ?).

On passe très rapidement de l'euphorie au désespoir le plus profond, mais plus difficilement au désespoir le plus profond à l'euphorie. C'est bête, la non-réciprocité. C'est pareil en chimie, saviez-vous que le symbole "=" qu'on vous impose depuis la 2nde n'a aucun sens pour les profs de chimie en PACES ? Pour ceux de Dijon en tout cas. Mais tout le monde s'en fout, la seule chose qui compte, c'est d'arriver dans les 214 premiers sur 1450, en doublant les doublants (haha) et en matant les primants. Les triplants, on pourrait penser que "OSEF, ils sont 10 !". Mais en PACES, chaque place compte. Le nombre de témoignages que j'ai entendus à propos d'étudiants classés 230ème ou 250ème qui n'ont pas eu leur année à 10-30 places près est assez impressionnant. Et la rage de ces victimes du concours n'en est que plus compréhensible.

Et bien sûr, toutes tes idées naïves mais agréables que tu as sur la P1 avant d'y être, tu les perds au fur et à mesure de l'année. Les profs ? Il y en a certains que tu ne verras jamais en vrai. Les étudiants entre eux? Ils s'entretuent à coups de chansons de carabins et de boule de papier et de scotch (oui, le truc qui te casse ton écran d'ordi, et qui n'est pas prévu par la garantie [ceci n'est pas du vécu] ). Les cours en amphi ? Impossible de suivre un cours qui semble inintéressant à la plupart des gens : le brouhaha peut atteindre des sommets tels qu'on entend plus le prof, malgré un volume plutôt élevé du micro. Les polycopiés ? Il sont loin de te dispenser d'aller en cours, d'être complets et de te servir à grand chose (pour certains). La solidarité dans l'enfer commun ? Quoi ? C'est quoi ça, "solidarité" ? Connaît pas. Tu éternues un peu fort ? Pauvre de toi, les 50 types qui te crient "A TES SOUHAITS" de l'autre bout de la salle, il ne faut pas leur dire merci : c'est pas pour être polis. Tu as pris le mauvais poly pour ton cours de bioch à cause de l'empploi du temps qui te donne 5 profs pour 5 jours ? Dommage, tu vas ramer pendant une heure trente (ah non, ça c'est juste en cours, après tu le reprends chez toi, ce qui te triple ton temps), personne ne te laissera suivre avec lui. Tu déprimes ? Surtout, ne va pas le dire à un P1, il te démoraliserait encore plus pour que tu abandonnes. La soirée d'inté ? Mais quelle soirée ? On t'a pas dit qu'elles étaient finies en P1 ? Non ? Désolée d'annoncer la mauvaise nouvelle...

Un autre paradoxe de la médecine : en cours au lycée, certains profs accusent les élèves de venir en touristes. Vous pouvez leur répliquer "Et encore ! En médecine, ils ont carrément des appareils photos !" . Véridique : l'appareil photo est indispensable. Commandez-en un pour Noël, il n'est peut-être pas trop tard. Sauf si vous êtes déjà en P1 sans appareil, là, vous êtes dans le caca.

Voilà, c'était un joli petit post de bienvenue rempli de généralités. Vous en faites pas, y en aura d'autre. En tout cas, si jamais (on ne sait pas, peut-être !) un P1 de Dijon lit ce blog : Salut à toi compagnon, j'espère qu'on aura notre année tous les deux (je voudrais bien que tu passes mais ça me ferait quand même bien chier que tu me piques ma place... Compromis ?).

Sur ce, bonne soirée, j'ai de la biocell à réviser !